C’est en 1999, lorsqu’elle s’est affranchie du « Regroupement des galeries et centres d’artistes du Canada français », animé par la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), que l’Association des groupes en arts visuels francophones (AGAVF) est réellement née. Même si son colloque de Fondation n’a eu lieu que quatre ans plus tard, en avril 2003, au Musée des beaux-arts du Canada, l’organisme avait déjà atteint son statut d’autonomie.

En 2019, cela fait donc bien vingt ans que l’AGAVF – et le réseau qu’elle incarne – affirme son existence et s’engage dans le milieu des arts visuels pour faire valoir à la fois la présence des artistes et des organismes de la Francophonie canadienne et leur contribution spécifique au développement des arts visuels au pays.

C’est pour faire état de ce bilan, mais aussi et surtout pour se projeter dans l’avenir, que les représentant-es de l’AGAVF ont tenu à organiser ce forum intitulé TRAJECTOIRES : l‘AGAVF 20 ans plus tard. C’est la première fois depuis 2003 que l’AGAVF réunira autant de participant-es, dont un important contingent de la jeune génération. Plus de 50 personnes, dont 22 de moins de 35 ans, se réunissent ainsi à Ottawa, du 27 au 30 janvier 2019.

Les deux premières journées de ce forum ont été consacrées aux « trajectoires » passées et aux perspectives d’avenir. Les deux journées suivantes ont permis d’aborder plus en profondeur certaines problématiques actuelles, comme le commissariat, la diffusion ou la littératie numérique. Enfin, un moment important a été réservé pour parler des liens avec les Peuples autochtones.

L’AGAVF tient à remercier le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario et le ministère du Patrimoine canadien de leur appui.


Zine Nouvelle génération (L’AGAVF 20 ans plus tard)

L’AGAVF est heureuse de publier Nouvelle génération : Laboratoire 27.01.2019, Ottawa, un zine qui fait connaître des artistes et commissaires francophones émergent-es de sept provinces canadiennes. Cette initiative de publication collective, réalisée dans le cadre du forum TRAJECTOIRES tenu à Ottawa le 27 janvier 2019, réunit les voix de 22 artistes et commissaires.

Ce zine – document éphémère, périssable, de reproduction facile et toujours en ébauche – cherche à témoigner des discussions entretenues par les délégué-es de la nouvelle génération des membres de l’AGAVF lors du Forum Trajectoires. Le laboratoire vivant a donné aux participant-es l’occasion de présenter leurs travaux artistiques et professionnels, et aussi de se réunir autour d’une discussion portant sur les enjeux vécus par la nouvelle génération. Des discussions autour d’initiatives pancanadiennes ont été amorcées et plusieurs souhaitent poursuivre la conversation. Les incidences des coupures du gouvernement Ford sur la francophonie ontarienne ont également mobilisé les discussions. Ces échanges cherchaient à tracer de nouvelles trajectoires pour l’AGAVF.

Un manifeste? Possiblement ; mais certes, une manifestation des échanges traversés par l’amalgame d’inquiétudes, doutes, certitudes et volontés communes. Ce document est construit à plusieurs voix, de notre expérience commune comme génération et comme multitude.

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Le 9 juillet 2021, Anne Bertrand s’est entretenue avec Rémi Belliveau, alors à la présidence de l’AGAVF, pour en apprendre davantage sur le contexte de production du zine, et imaginer l’impact de cette expérience de réseautage.

AGAVF : Tu as participé au forum TRAJECTOIRES : l’AGAVF 20 ans plus tard à l’occasion duquel des membres de la nouvelle génération se sont réunis pour prendre et affirmer une position sous forme de zine / manifeste. Sur le plan de la représentation politique, comment concilier cette approche artistique personnelle avec le besoin d’organisation structurée et concertée?

Rémi Belliveau : Selon moi, les approches plutôt conceptuelles et / ou affectives ont autant de portée que les approches rationnelles qu’on favorise normalement dans le langage politique, comme les statistiques, les études de cas, les exercices de visionnement, etc. (qui servent à quelque chose quand même). Le zine est peut-être conceptuel dans sa forme, mais il contient surtout les sentiments d’une nouvelle génération qui rêve de meilleures conditions pour la création artistique en français hors Québec. C’est la force de ce zine je crois – il contient nos réels désirs tels que nous les éprouvons. No sugar coating.

D’après toi, où les participant-e-s sont-ils et elles rendu-e-s dans cette trajectoire, deux ans plus tard?

R. B. : Difficile de le savoir. Nous avons abordé de très gros dossiers, comme le manque d’éducation postsecondaire en arts visuels et médiatiques dans les communautés francophones, et depuis notre rencontre, le bilan de santé des universités francophones en Ontario s’est détérioré. Ce n’est pas encourageant, mais les gens qui ont participé au zine composaient avec beaucoup d’enthousiasme. Moi ça me motive. J’ai l’impression que les choses se sont améliorées ailleurs, même si seulement dans notre capacité de travailler ensemble comme un groupe, car depuis la rencontre, plusieurs d’entre nous avons conservé des liens.

Et, à titre de président-e de l’AGAVF, es-tu en mesure de parler des retombées de cette rencontre?

R. B. : Le réseautage était fantastique. Pour nous qui habitons l’Est du pays, nous étions très emballé·e·s de voir autant de jeunes francophones en provenance de l’Ouest et des Prairies. Ce sont ces liens pancanadiens qui ont perduré, mais j’irais même plus loin pour dire que nous sommes pour la plupart devenus ami·e·s, que nos relations se sont tissé.e.s plus serré.e.s au fil du temps, au-delà d’un rapport simplement professionnel. Nous sommes connecté·e·s sur les réseaux sociaux. Nous nous appuyons dans nos projets artistiques. Et d’ailleurs, j’ai très hâte de lire le recueil de poésie d’Alasdair Rees qui vient tout juste de paraître!

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Rémi Belliveau est un-e artiste interdisciplinaire et un-e musicien-ne acadien-ne originaire de Belliveau-Village (Vallée de Memramcook, N.-B.), un hameau acadien situé sur le Mi’kma’ki, territoire ancestral non cédé du peuple Mi’kmaq. Depuis 2012, son travail a été présenté dans plusieurs contextes d’exposition dans les Maritimes et au Québec. En parallèle de sa pratique artistique, iel a codirigé la Galerie Sans Nom (Moncton) avec Annie France Noël (2014 à 2018), a joué à deux reprises le rôle de (co)commissaire (2015, 2018), a été chargé·e de cours à l’Université de Moncton (2017) et a contribué des textes à la revue Canadian Art.